Le groupe de Visegràd
En 1991, trois chefs d’Etat d’Europe Centrale, Lech Walesa pour la Pologne, Vaclav Havel pour la Tchécoslovaquie et Jozsef Antall pour la Hongrie se réunissent à Visegràd sur le Danube. La guerre froide tire à sa fin, les troupes soviétiques stationnent toujours dans les trois pays, le Pacte de Varsovie et le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) attendent leur dissolution. Le but des trois larrons : prendre les devants et faciliter leur intégration à l’UE et à l’OTAN. Ce sera fait en 1999 pour l’OTAN, en 2004 pour l’Union Européenne.

Le choix de Visegràd était riche de significations. En 1335 s’y étaient rencontrés le roi de Bohême Jean de Luxembourg, issu de son comté de Luxembourg, vaillant chevalier devenu aveugle, Charles Robert roi de Hongrie et Casimir III roi de Pologne pour intensifier leur coopération contre les Habsbourg afin d’ouvrir de nouvelles routes commerciales vers les marchés européens. Même si elle n’a pas abouti à une fusion institutionnelle, elle a développé le multiculturalisme.
Aujourd’hui ils sont quatre Etats depuis la partition de la Tchéquie et de la Slovaquie, regroupant 64 millions d’habitants ; non-membres de la zone euro hormis la Slovaquie, ils adhèrent à l’espace Schengen.
Ayant atteint leurs objectifs initiaux, quelle est leur ambition ? Peser sur les orientations de l’UE., promouvoir l’identité de l’Europe centrale et servir de modèle de transition démocratique pour les pays des Balkans. En outre, tout se passe comme s’ils avaient pris le relais du Royaume-Uni contre le fédéralisme et les technocrates de Bruxelles. Devenus les opposants idéologiques à l’UE, ils veulent renforcer le Conseil européen et la souveraineté des Etats membres, au détriment de la Commission garante de l’état de droit et des valeurs démocratiques de l’Union. Ils s’opposent à une société qui protège les minorités politiques, sexuelles, ethniques, linguistiques, religieuses, source, selon eux, de déviations morales et de problèmes d’identité ; ils s’opposent aux migrants surtout musulmans (refus des quotas en sept. 2015). Leurs responsables politiques issus de partis conservateurs en Hongrie (Fidesz) et en Pologne (Droit et justice) soutenus par l’Eglise catholique, limitent l’état de droit (indépendance des médias, cours constitutionnelles, etc), d’où les sanctions de la Commission en 2020, édulcorées pour obtenir leur adhésion au plan de relance post-covid. En matière de défense ils privilégient une relation euro-atlantique.
Ces pays reçoivent beaucoup d’argent européen : par ex. la Pologne, 83 mrds d’euros de 2014 à 2020 ; ils n’ont pas intérêt à imiter le Brexit !! Leur talon d’Achille : la Russie, alliée de la Hongrie, honnie par les trois autres.
RDB
Source : Hervé Mouillebouche.
Les Hongrois en Bourgogne : le succès d’un mythe historiographique. Annales de Bourgogne