Les moines de Cluny et les rois de Hongrie ont entretenu au XIe siècle des relations fécondes
« Au XIIe siècle le réseau clunisien … se dilate aux dimensions de la Chrétienté latine : depuis le front pionnier hispanique à l’Ouest jusqu’en Scandinavie, au Nord ; de la Pologne et la Hongrie, aux confins du monde orthodoxe1 » Dès le XIe siècle les moines de Cluny ont noué avec la Hongrie des relations solides. Il s’agissait de dévotion, de pèlerinage, de création de monastères. Voici quelques faits.
En avril 1001, Odilon de Cluny participe avec le pape Sylvestre II (Gerbert d’Aurillac) et l’empereur au synode de Ravenne qui pose les fondations de l’Eglise hongroise.
Entre 1018 et 1026, Etienne Ier inaugure une route sécurisée de pèlerinage vers Jérusalem. Raoul Glaber le chroniqueur clunisien, écrit « À cette époque, presque tous ceux qui, d’Italie et de Gaule, désiraient se rendre au sépulcre du Seigneur à Jérusalem, se mirent à délaisser la route accoutumée, qui traversait les détroits de la mer, et à passer par le pays de ce roi Etienne… Il accueillait comme des frères tous ceux qu’il voyait, et leur faisait d’énormes présents. A l’appel de ce souverain, une foule innombrable d’hommes du peuple et de nobles partit pour Jérusalem ». En 1096 Godefroid de Bouillon empruntera cette route avec son armée lors de la première croisade.
Source : L’Europe centrale au coeur de la modernité, Presses Univ. de Rennes, M-Madeleine de Cevins.
Vers 1027, une lettre de l’abbé Odilon au roi Etienne de Hongrie mentionne pour la première fois l’arrivée à Cluny des reliques du pape Marcel. Odilon répondait à la demande des ambassadeurs hongrois, venus chercher des reliques. Il fait l’éloge des mérites d’Étienne : « Le monde entier, et tout particulièrement ceux qui reviennent du Saint Sépulcre, témoignent de la passion que nourrissent vos âmes pour notre religion divine. Et nous l’avons éprouvée nous-mêmes, ayant été jugés dignes de recevoir vos ambassadeurs, chargés de dons royaux et de cadeaux ».
Source : D.Mehu, Paix et communauté autour de l’abbaye de Cluny

Le 15 août 1038, fête de l’Assomption, Etienne 1er décède ; il avait initié le culte marial en Hongrie sous l’influence, disent certains historiens, d’Odilon de Cluny promoteur lui-même de la dévotion à « Notre Dame » axe majeur de la spiritualité clunisienne.
En 1052 le pape Léon IX envoie Hugues de Semur pour une mission de plusieurs mois en Hongrie afin de rétablir la paix entre l’empereur et le roi de Hongrie.
En 1091, d’illustres personnages sont invités à Somogyvar (sud-ouest de la Hongrie) pour la fondation d’un monastère. Il s’agit du légat du pape, de l’abbé de Saint-Gilles-du-Gard, ainsi que de Ladislas, roi de Hongrie, d’autres membres de la famille royale et de l’abbé du monastère bénédictin de Pannonhalma. Le roi fit la donation du nouveau monastère à l’abbaye de Saint-Gilles-du-Gard, clunisienne à l’époque, et les moines languedociens vinrent s’y installer. Ce monastère dédié aux saints Pierre et Paul fut aussi consacré à saint Gilles, le patron de l’abbaye de Saint-Gilles-du-Gard. Ainsi, à la fin du XIe siècle Saint-Gilles de Hongrie – c’est ainsi que les moines gillois désignaient Somogyvàr – est la dépendance phare d’un réseau monastique qui s’étend de l’Aragon à la Lombardie.
Source : Colloque « Hugues de Semur, Paray-le-Monial et l’Europe Clunisienne »
RDB