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Cinq jours pour se souvenir, pour soutenir et faire advenir un possible avenir

© Jean-Claude Vouillon, JSL

Cinq jours pour se souvenir, pour soutenir et faire advenir un possible avenir.
Une goutte d’eau dans l’océan, ou mieux, quelques mailles dans le tricot, tissu humain ou chaque maille importe et où tout accroc fragilise le tout. Alors, oui, il était important de convoquer des souvenirs (chemins de résistance, de sacrifices avec leurs monuments) et évoquer le présent et le futur avec ses œuvres plastiques (pastels de couleurs, fresques … ), ses œuvres théâtrales (Europa), livresques (poésie, bandes dessinées, romans et essais, mémoires … ) ses rencontres (déjeuners partagés, colloques, et rencontres, ses intelligences collectives qui permettent à toute personne ordinaire de faire ensemble des œuvres extraordinaires.
Alors oui, que les quelques mailles que nous avons tissées tous ensemble, viennent consolider et réparer des accrocs et éviter que d’autres mailles ne filent.
Nous constatons combien aussi des fils de couleurs étrangères viennent donner à notre tissu social de la lumière, de la gaieté et de la nouveauté. Soyons attentifs, sur nos fils de trame de mélanger aux fils de chaîne, nos fils dans la plus grande diversité en gardant en vue l’harmonie du tissage global.
Unis dans la diversité ! En avant !


Philippe Mayaud (M2E)

Une fresque, un support et un dessin (dessein ?)

Il y a d’abord un support : des panneaux de bois déroulé par l’atelier bois de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers de Cluny, mystérieuse collaboration entre la nature qui fournit le bois, les forestiers et le façonnier et ses machines, les assembleurs et installateurs avant l’œuvre à dessiner !

Il y a ensuite l’œuvre, un Chemin de mains pour demain qui prolonge jusque dans le futur la collaboration citoyenne et sa promesse, pour « construire » ensemble la Cité. Et c’est dans l’Hostellerie de Hugues de Semur que naît cette hospitalité à faire ensemble, dans notre diversité des âges (de 18 mois le plus jeune artiste aux nonagénaires), des cultures (une grande palette de pays visiteurs), des situations sociales et professionnelles (élus, artisans, agents de la fonction publique, étudiants et scolaires, professeurs et travailleurs, chercheurs d’emploi et entrepreneurs, mères et pères de famille, croyants et incroyants, personnes du soin, retraités, mal traités et secouristes, questionneurs et questionnés ……).

Construire, c’est ensemble dans l’alliance de ces diversités pour avancer sur le chemin de la paix : Pas une main n’est inutile, ou plutôt, chaque main est unique et fondamentale à l’œuvre commune et à notre vivre ensemble.  Des mains pour des « coups de mains »,  des mains pour joindre nos forces, des mains agiles pour tricoter le tissu social, des mains pour caresser et soigner, peindre, jouer de la musique, écrire, des mains pour demain !

Ola Abdallah, à travers ses pastels, nous offre une grande palette de couleurs qui m’évoquent nos propres assemblages humains : chacun au plus intime de soi, dans la couleur de sa terre intérieure, se mêle et s’assemble pour faire société, dans la diversité des êtres et des contextes.

Les lignes et espaces réservés marquent à la fois des limites et des frontières mais aussi la possibilité de la rencontre: les lignes de couleurs résistent pour exister sous des grands espaces, figures de nos mondes en mouvement, voire tempétueux.


Philippe Mayaud (M2E)

Ces journées ont été denses, la préparation exigeante mais le résultat très enthousiasmant. Pour moi à retenir le sérieux et l’application des familles pour dessiner leurs mains avec le souci du devenir de cette œuvre. A retenir aussi : nous les bénévoles, nous avons été régulièrement ‘bousculés’ dans nos appréhensions, tout s’est déroulé calmement, dans la bonne humeur ce qui a considérablement allégé le travail

Marie (M2E)

J’ai eu l’occasion le 9 mai de rencontrer un groupe de personnes qui m’ont fait découvrir l’exposition Paix et Résistance aux Hostelleries Saint Hugues. Et j’avais reçu une invitation pour la journée suivante pour participer à la pièce de théâtre et de danse Europa. Merci pour cette proposition qui m’a beaucoup touchée .

Eva (Allemagne)

Ressenti lors des commémorations des 8 et 9 mai 2025 à Cluny

Qu’ont bien pu ressentir deux voyageurs helvètes, que nous fûmes, de passage à Cluny les 8 et 9 mai 2025 dernier, à l’heure des commémorations du 80e anniversaire de la Victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie et de la célébration du 75e anniversaire de la Journée de l’Europe ?

La curiosité nous saisit d’abord, un peu étonnés de nous trouver là par hasard au bon moment, inspirés par la lecture de l’affichette placardée à la vitrine d’un commerce de la rue Lamartine annonçant les commémorations et les événements que nous suivrons en partie. Sans doute, le moment constitue-t-il une aubaine pour des habitants venant de la petite Suisse voisine, épargnée par deux guerres mondiales, non membre de l’Union européenne, même si, outre une culture commune séculaire, des accords bilatéraux tissent de solides liens entre elles.

Désireux de vivre des cérémonies étrangères à nos mœurs mémorielles, renseignés par Michel, nous arpentons les rues jusqu’au cimetière pour assister à l’hommage rendu aux abords du carré des soldats, sobre et solennel à travers le jeu de l’Harmonie, le discours du souvenir, le défilé des gadzarts en uniforme, le recueillement durant la minute de silence, respecté par les bambins même, accompagnés de leurs parents.

Paradoxalement, le moment vécu agit comme un émerveillement au vu de la vastitude et la culminance de l’endroit. Cela tient aussi à l’ordonnancement des carrés réservés aux soldats tombés aux guerres du 20e siècle, la plupart morts dans leur jeune âge, à la partie ancienne peuplée de caveaux familiaux monumentaux, certains réhabilités, à la présence d’une tombe familiale célèbre mais discrète, devant laquelle le responsable du lieu a la gentillesse de nous accompagner, à l’alignement d’une dizaine d’arrosoirs suspendus, témoins de l’entretien assidu du lien avec les défunts. Notre ambassadeur évoque le souhait d’implanter de la vie grâce à une végétalisation en cours, laquelle se montre rebelle. Inéluctablement, un sentiment de chagrin émerge des tréfonds de l’âme, inspiré par l’atmosphère, les pensées, les signes présents sur les pierres tombales, tels les portraits ou les inscriptions, qu’il s’agisse simplement du surnom d’un soldat dans la vingtaine tombé au combat.

Le réconfort moral viendra de l’exposition participative sur la construction de la paix présentée par La Maison de l’Europe, à l’enseigne allitérée de Chemin de mains pour demain. Un renvoi à l’idée de l’artisan de la paix, symbolisée par la main ingénieuse qui œuvre, à l’action individuelle et universelle qui promet son avènement ? Chacun peut y répondre, par exemple après avoir lu la lettre déchirante d’un résistant qui témoigne ultimement son amour à ses proches, la veille de sa condamnation à mort, sa requête en appel ayant été rejetée.

Devant le Monument aux morts de 1939-1945, la gerbe déposée, les témoignages poignants de déportés lus par des proches, les voix cristallines du chœur des enfants et celles, pénétrantes, du chœur de femmes génèrent une oscillation du cœur qu’il s’avère délicat à équilibrer. Par chance, la perspective du repas partagé, place de l’Abbaye, appelle au ravitaillement, à défaut de restaurer le calme intérieur. Une invitation à la table des organisateurs occasionne de lumineuses rencontres, avec notamment une conservatrice de musée et des professeurs d’allemand retraités qui nous font l’amitié de leur joyeuse compagnie. Le partage de délicieuses tartes et tourtes fait merveille.

Or, le sentiment de trouble intérieur perdure puisqu’on se souvient de l’irruption de la cruauté dans la vie des victimes des guerres, hier et aujourd’hui. Que ce bouleversement n’apparaisse pas comme une faiblesse mais comme une force de résistance, de compassion, de renouvellement moral, d’éveil de la conscience face aux inégalités, injustices, absurdités dont souffrent d’innombrables êtres humains dans le monde, des hommes, des femmes, des enfants.

Se souvenir et préserver la mémoire apparaît comme un acte de résistance, une capacité morale qui porte à l’attention, l’engagement, la réparation, la lutte contre le dépitant haussement d’épaules.

Christine et Norbert (Suisse),
Moudon, le 23 mai 2025

le spectacle EUROPA dans les Écuries Saint Hugues par les acteurs de la Malle aux Sardines
le repas partagé sur la place du marché
le Bus Marguerite installé sur la place du marché
la rencontre débat avec Blaise Lempen à la Salle de Justice de Paix
le concert de l’atelier-chant du groupe Decidela devant les  Écuries Saint Hugues
la dictée européenne à la Maison des Echevins

© Remerciements à Jean-Claude Vouillon, photographe du JSL pour les photos