Cinq jours pour se souvenir, pour soutenir et faire advenir un possible avenir

Cinq jours pour se souvenir, pour soutenir et faire advenir un possible avenir.
Une goutte d’eau dans l’océan, ou mieux, quelques mailles dans le tricot, tissu humain ou chaque maille importe et où tout accroc fragilise le tout. Alors, oui, il était important de convoquer des souvenirs (chemins de résistance, de sacrifices avec leurs monuments) et évoquer le présent et le futur avec ses œuvres plastiques (pastels de couleurs, fresques … ), ses œuvres théâtrales (Europa), livresques (poésie, bandes dessinées, romans et essais, mémoires … ) ses rencontres (déjeuners partagés, colloques, et rencontres, ses intelligences collectives qui permettent à toute personne ordinaire de faire ensemble des œuvres extraordinaires.
Alors oui, que les quelques mailles que nous avons tissées tous ensemble, viennent consolider et réparer des accrocs et éviter que d’autres mailles ne filent.
Nous constatons combien aussi des fils de couleurs étrangères viennent donner à notre tissu social de la lumière, de la gaieté et de la nouveauté. Soyons attentifs, sur nos fils de trame de mélanger aux fils de chaîne, nos fils dans la plus grande diversité en gardant en vue l’harmonie du tissage global.
Unis dans la diversité ! En avant !
Philippe Mayaud (M2E)



Une fresque, un support et un dessin (dessein ?)
Il y a d’abord un support : des panneaux de bois déroulé par l’atelier bois de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers de Cluny, mystérieuse collaboration entre la nature qui fournit le bois, les forestiers et le façonnier et ses machines, les assembleurs et installateurs avant l’œuvre à dessiner !
Il y a ensuite l’œuvre, un Chemin de mains pour demain qui prolonge jusque dans le futur la collaboration citoyenne et sa promesse, pour « construire » ensemble la Cité. Et c’est dans l’Hostellerie de Hugues de Semur que naît cette hospitalité à faire ensemble, dans notre diversité des âges (de 18 mois le plus jeune artiste aux nonagénaires), des cultures (une grande palette de pays visiteurs), des situations sociales et professionnelles (élus, artisans, agents de la fonction publique, étudiants et scolaires, professeurs et travailleurs, chercheurs d’emploi et entrepreneurs, mères et pères de famille, croyants et incroyants, personnes du soin, retraités, mal traités et secouristes, questionneurs et questionnés ……).
Construire, c’est ensemble dans l’alliance de ces diversités pour avancer sur le chemin de la paix : Pas une main n’est inutile, ou plutôt, chaque main est unique et fondamentale à l’œuvre commune et à notre vivre ensemble. Des mains pour des « coups de mains », des mains pour joindre nos forces, des mains agiles pour tricoter le tissu social, des mains pour caresser et soigner, peindre, jouer de la musique, écrire, des mains pour demain !
Devant la couleur,
unis dans la diversité



Ola Abdallah, à travers ses pastels, nous offre une grande palette de couleurs qui m’évoquent nos propres assemblages humains : chacun au plus intime de soi, dans la couleur de sa terre intérieure, se mêle et s’assemble pour faire société, dans la diversité des êtres et des contextes.
Les lignes et espaces réservés marquent à la fois des limites et des frontières mais aussi la possibilité de la rencontre: les lignes de couleurs résistent pour exister sous des grands espaces, figures de nos mondes en mouvement, voire tempétueux.
Philippe Mayaud (M2E)
Comment je m’en souviendrai
Le 6 mai, quand les plaques de bois furent toutes accrochées, c’était 16 mètres linéaires de bois clair légèrement ondulé, vide et … j’ai eu peur qu’il le reste ! 5 jours plus tard, les plaques étaient couvertes de mains, de mots, de toutes formes et de toutes couleurs. Que de la joie !
Je n’oublierai pas “Terre rose” un des grands pastels d’Ola Abdallah accroché et résonnant sur les murs de pierre de l’abbaye. L’ocre et le rose me permettaient d’imaginer “sa” Syrie toute de douceur, de vent et de lumière.
Dans cette grande “nef” des Écuries, les 7 corps féminins et masculins qui dansent le Rebetiko et les 7 voix qui scandent Europa m’ont profondément remuée. Merci La Malle.
Nane Tissot (M2E)

Ces journées ont été denses, la préparation exigeante mais le résultat très enthousiasmant. Pour moi à retenir le sérieux et l’application des familles pour dessiner leurs mains avec le souci du devenir de cette œuvre. A retenir aussi : nous les bénévoles, nous avons été régulièrement ‘bousculés’ dans nos appréhensions, tout s’est déroulé calmement, dans la bonne humeur ce qui a considérablement allégé le travail
Marie (M2E)

J’ai eu l’occasion le 9 mai de rencontrer un groupe de personnes qui m’ont fait découvrir l’exposition Paix et Résistance aux Hostelleries Saint Hugues. Et j’avais reçu une invitation pour la journée suivante pour participer à la pièce de théâtre et de danse Europa. Merci pour cette proposition qui m’a beaucoup touchée .
Eva (Allemagne)


Ressenti lors des commémorations des 8 et 9 mai 2025 à Cluny
Qu’ont bien pu ressentir deux voyageurs helvètes, que nous fûmes, de passage à Cluny les 8 et 9 mai 2025 dernier, à l’heure des commémorations du 80e anniversaire de la Victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie et de la célébration du 75e anniversaire de la Journée de l’Europe ?
La curiosité nous saisit d’abord, un peu étonnés de nous trouver là par hasard au bon moment, inspirés par la lecture de l’affichette placardée à la vitrine d’un commerce de la rue Lamartine annonçant les commémorations et les événements que nous suivrons en partie. Sans doute, le moment constitue-t-il une aubaine pour des habitants venant de la petite Suisse voisine, épargnée par deux guerres mondiales, non membre de l’Union européenne, même si, outre une culture commune séculaire, des accords bilatéraux tissent de solides liens entre elles.
Désireux de vivre des cérémonies étrangères à nos mœurs mémorielles, renseignés par Michel, nous arpentons les rues jusqu’au cimetière pour assister à l’hommage rendu aux abords du carré des soldats, sobre et solennel à travers le jeu de l’Harmonie, le discours du souvenir, le défilé des gadzarts en uniforme, le recueillement durant la minute de silence, respecté par les bambins même, accompagnés de leurs parents.
Paradoxalement, le moment vécu agit comme un émerveillement au vu de la vastitude et la culminance de l’endroit. Cela tient aussi à l’ordonnancement des carrés réservés aux soldats tombés aux guerres du 20e siècle, la plupart morts dans leur jeune âge, à la partie ancienne peuplée de caveaux familiaux monumentaux, certains réhabilités, à la présence d’une tombe familiale célèbre mais discrète, devant laquelle le responsable du lieu a la gentillesse de nous accompagner, à l’alignement d’une dizaine d’arrosoirs suspendus, témoins de l’entretien assidu du lien avec les défunts. Notre ambassadeur évoque le souhait d’implanter de la vie grâce à une végétalisation en cours, laquelle se montre rebelle. Inéluctablement, un sentiment de chagrin émerge des tréfonds de l’âme, inspiré par l’atmosphère, les pensées, les signes présents sur les pierres tombales, tels les portraits ou les inscriptions, qu’il s’agisse simplement du surnom d’un soldat dans la vingtaine tombé au combat.
Le réconfort moral viendra de l’exposition participative sur la construction de la paix présentée par La Maison de l’Europe, à l’enseigne allitérée de Chemin de mains pour demain. Un renvoi à l’idée de l’artisan de la paix, symbolisée par la main ingénieuse qui œuvre, à l’action individuelle et universelle qui promet son avènement ? Chacun peut y répondre, par exemple après avoir lu la lettre déchirante d’un résistant qui témoigne ultimement son amour à ses proches, la veille de sa condamnation à mort, sa requête en appel ayant été rejetée.
Devant le Monument aux morts de 1939-1945, la gerbe déposée, les témoignages poignants de déportés lus par des proches, les voix cristallines du chœur des enfants et celles, pénétrantes, du chœur de femmes génèrent une oscillation du cœur qu’il s’avère délicat à équilibrer. Par chance, la perspective du repas partagé, place de l’Abbaye, appelle au ravitaillement, à défaut de restaurer le calme intérieur. Une invitation à la table des organisateurs occasionne de lumineuses rencontres, avec notamment une conservatrice de musée et des professeurs d’allemand retraités qui nous font l’amitié de leur joyeuse compagnie. Le partage de délicieuses tartes et tourtes fait merveille.
Or, le sentiment de trouble intérieur perdure puisqu’on se souvient de l’irruption de la cruauté dans la vie des victimes des guerres, hier et aujourd’hui. Que ce bouleversement n’apparaisse pas comme une faiblesse mais comme une force de résistance, de compassion, de renouvellement moral, d’éveil de la conscience face aux inégalités, injustices, absurdités dont souffrent d’innombrables êtres humains dans le monde, des hommes, des femmes, des enfants.
Se souvenir et préserver la mémoire apparaît comme un acte de résistance, une capacité morale qui porte à l’attention, l’engagement, la réparation, la lutte contre le dépitant haussement d’épaules.
Christine et Norbert (Suisse),
Moudon, le 23 mai 2025

Cette aventure littéraire théâtrale a été un moment particulièrement riche en émotions. Appréhension de remonter sur scène après avoir quitté la Malle aux Sardines depuis de longues années, joie de retrouver des comédiens pour partager un texte qui met l’Humanité en lumière, et plaisir de jouer devant un public particulièrement réceptif, dans une salle magnifique ! Merci à la Maison de l’Europe et à Catherine.
Sophie (La Malle aux Sardines)

Ce fut une merveilleuse traversée en chœur galvanisée par l’écoute du public De pouvoir dire et faire entendre ce texte en ce lieu nous transportant dans un ailleurs !!!! Ressentir l’instant présent, incarner, danser sur un fil avec mes compagnons de la Malle sous le regard et l’orchestration de Cath ! Que l’Odyssée se poursuive avec la venue de l’auteur !!!
Lazare (La Malle aux Sardines)

Très heureuse d’avoir pu être de ce voyage. Je vais maintenant relire les textes : il serait temps d’y comprendre quelque chose… Un énorme boulot pour un résultat convaincant en si peu de temps…. Chapeau (noir bien sûr) !
Florence (La Malle aux Sardines)

Très beau moment que cette performance. Je crois avoir entendu certains textes pour la première fois. Ce dont je suis vraiment fière, c’est d’avoir porté ce texte pour des valeurs qui me sont chères.
Séverine (La Malle aux Sardines)

Ce fut un beau voyage, intense, motivant et ambitieux, dans un espace magnifique qui a pris tout son sens par la mise en scène de Catherine. J’ai eu plaisir à faire cette traversée avec mes compagnons
Pascale (La Malle aux Sardines)

Un moment de grâce, transcendé par la fragilité de nos états intérieurs. Ce texte, Europa, que vous nous avez en toute confiance proposé, nous a permis de fabriquer du sensible, une façon de continuer à espérer ensemble. Cette communion avec le public continue son chemin, une présence précieuse et soutenante.
Claudine (La Malle aux Sardines)

Suite à tous ces moments partagés, envie de garder en moi le mot CROISEMENT. Croisement des écritures, des cultures, des langues, des personnes, des espaces et du temps, des histoires et de la grande Histoire. Voyages, lectures, chœurs, chorégraphies et jeux mêlés autour du magnifique texte de Paolo Rumiz. Croiser nos regards, nos corps, nos implications, nos convictions et nos forces. Résister ensemble et danser le Rebetiko.
Catherine (La Malle aux Sardines)

Quelle bonne idée d’avoir fait vivre ce texte universel. Avec Europa, nous avons été au cœur d’un projet partagé qui nous a fait ressentir une grande fraternité. Le public venu nombreux était attentif et bienveillant. Il nous a portés. Une expérience collective dynamisante.
Jérôme (La Malle aux Sardines)


Ces dernières semaines ont été rythmées par une série de manifestations culturelles d’une belle intensité. Portées par une programmation riche, diversifiée et accessible, elles ont su fédérer un large public, toutes générations confondues. L’enthousiasme visible dans les rues, la chaleur des échanges, et une belle affluence à chaque événement témoignent d’un véritable engouement populaire.
Chaque événement, qu’il s’agisse d’une performance musicale, d’expositions captivantes ou d’une pièce de théâtre émouvante, a su trouver son public, créant une dynamique à la fois joyeuse et inspirante.
Il est particulièrement réjouissant de constater à quel point la culture, dans toutes ses formes, a su rassembler, éveiller les curiosités et créer du lien. Un succès populaire bien mérité, fruit d’un engagement collectif : celui des programmateurs, des équipes techniques, des artistes bien sûr, mais aussi du public, curieux et fidèle.
Au-delà de la simple réussite événementielle, ces manifestations laissent une empreinte durable : celle d’un territoire vivant, créatif, et profondément attaché à l’expression artistique. Une belle preuve que la culture, lorsqu’elle est ouverte et bien pensée, touche au cœur et rassemble, questionne, enrichit. Une belle démonstration de ce que peut être un territoire vivant et créatif.
Michel (M2E)






© Remerciements à Jean-Claude Vouillon, photographe du JSL pour les photos