Lettre n° 13- Décembre 2023

Un céramiste polonais à Cluny

Alexandre Kostanda
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En Bourgogne du Sud, le Clunysois est une terre de potiers, grâce à la présence d’argiles, de l’eau de ses rivières pour le modelage et le tournage et de forêts pour le bois des fours. Le marché des potiers de Cluny est une institution pérenne qui réunit tous les deux ans, le temps d’un week-end, une cinquantaine d’artisans et d’artistes, dont Alexandre Kostanda.

Sa famille est polonaise, originaire de Tuchola, petite ville située à 70 km de Bromberg chef-lieu de la voïvodie de Couïavie-Poméranie, sur la Vistule, au nord de la Pologne. Né en 1917 ou 1921, avec sa famille, il prend très jeune, la route de l’exil vers la France. Après la Lorraine puis Paris, les Kostanda s’installent à Vallauris en 1929.

Sa mère Irène devient décoratrice dans l’atelier renommé de Louis Giraud de 1930 à 1953, ce qui permet à Alexandre d’y entrer en 1936 comme apprenti. Il y apprend la décoration et le métier. Il s’établit à Cluny, en Saône-et-Loire en 1942. En 1944, dans le cadre des chantiers de jeunesse obligatoires, il forme à Mâcon quatre jeunes gens fuyant le STO qui l’année suivante transforment une vieille usine dés- affectée dans l’Yonne pour en faire la fabrique de céramique d’Accola.

Entré dans le maquis la même année, il participe au Commando de Cluny, ancienne unité de l’armée de terre française devenue l’année suivante le 4e bataillon de choc. Il retourne à la vie civile en 1946 et s’installe dans un atelier de poterie au Champ de Foire. Il obtient la nationalité française par un décret de 1947. C’est dans cet atelier que Daniel de Montmollin, viendra faire son apprentissage de tourneur pendant quelques mois. A cette période, il enseigne en parallèle aux faïenceries de Longchamp en Côte d’Or, et à l’Ecole des Arts Décoratifs de Beaune.

En 1949, il retourne à Vallauris comme chef d’atelier chez Louis Giraud, toujours, puis il ouvrira son propre espace en 1953. Sa femme et sa mère le seconderont notamment pour la création de céramique au décor floral.

Sa technique est de mélanger la terre des deux régions, Cluny et Vallauris pour créer des grès, qui seront revêtus d’un ensemble vitrifiable. Les tons de couleurs pâles évolueront vers des couleurs plus vives aux formes géométriques. Il gardera toujours une prédilection pour les coloris sourds, proches des teintes naturelles de l’argile.

Durant les années 50 et 60, son travail sera exposé en France et aux États-Unis.

Nane Tissot