Lu pour vous

« Au confluent, la vie » Jean-Marie Charpentier

Au confluent, la vie Jean-Marie Charpentier, 150 p. 16,90 €. Libranova

Alors que l’Europe s’inquiète avec raison après 74 ans de paix, l’auteur nous invite à renouer avec une époque que nous croyions révolue, en nous narrant l’histoire d’Olga et de René, ses parents. Ils ont traversé un temps infiniment plus dur et plus violent que le nôtre. Olga était allemande. René, officier français originaire de Champagne, avait été prisonnier de guerre et faisait partie des troupes françaises d’occupation. Leur rencontre a lieu en 1947 au confluent du Rhin et de la Moselle, à Coblence aux trois-quarts détruite sous les bombardements des Alliés en novembre 1944.  Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous  selon la belle parole de Paul Eluard. Sans se connaître, sans se côtoyer jamais, chacun a vécu sa guerre en Allemagne. Au hasard d’une rencontre dans les décombres du pays, ils se sont fait ensemble un avenir et se sont reconstruits à la suite d’une guerre qui avait brisé leur environnement, leur famille, leur jeunesse. Deux vies, deux langues, deux pays qui se croisent, sur fond d’une histoire tragique qui les a menés à l’abîme. Un livre d’émotion et d’espérance. Quand tout est anéanti et que, malgré tout, la vie revient, le monde est un peu plus fort. Prémices de l’esprit européen qui renaissait à l’époque. Un livre sensible, fort bien documenté, journal d’un pèlerinage de mémoire qui fait revivre aussi la montée du nazisme au quotidien ; ce qui nous alerte aujourd’hui.