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L’EUROPE, NOTRE RÊVE, NOTRE AFFAIRE

« Notre Europe » ! Du Groenland à la Méditerranée, de l’Atlantique et de la Mer du nord à la Mer noire, une marqueterie éblouissante de paysages, de villes, de villages imprégnés d’histoires millénaires. Lieux de vie pour 448 millions de citoyens de 27 Etats, libres de franchir sans passeport leurs frontières ouvertes à la circulation des personnes et des biens ; un espace commun, lieu de rencontres, de formation (Erasmus !), de création, de science ; un kaléidoscope. Voyez les drapeaux de cette Fédération d’Etats. Que de couleurs, que de symboles témoins de cultures (langues, religions, monuments, pensées, us et coutumes, folklores) et d’histoires si différentes !

Nos nations ont refusé de rester enkystées dans leurs conflits séculaires et dramatiques. Elles ont opté pour une union libre sans y être contraintes par un empereur, un dictateur, une mafia, grâce à de patientes négociations. Témoins, leur drapeau commun, leur devise « unis dans la diversité », leur monnaie, l’euro lancé il y a 25 ans cette année, des politiques communes et un savoir-faire.

Malgré nos 24 langues officielles nous travaillons, échangeons avec succès. 70 ans de paix nous ont aidés à construire le premier pôle commercial du monde (14,6 % des exportations et 17 % des importations mondiales, hors échanges intracommunautaires) et à devenir la 3eme puissance économique mondiale après les E-U et la Chine.

Notre « Union » est un laboratoire d’humanité unique dans l’Histoire, orienté par une utopie porteuse d’espoir. En effet sa construction, lente, difficile et complexe, nous la devons à des valeurs mises en œuvre par des hommes et des femmes remarquables, tenaces et pragmatiques : priorité à la paix, à l’état de droit, à la démocratie et à la liberté, à la prise en compte des personnes, à l’action commune, au « penser juste », au sens d’une morale et d’une transcendance et à une méthode fondée sur la subsidiarité. Héritage toujours fécond des Celtes, des Grecs et des Romains, des Juifs et des Chrétiens, des artistes et savants de la Renaissance, des philosophes des Lumières et de tant d’autres apports notamment de l’immigration.

Beaucoup reste à faire cependant. L’Union européenne s’est construite par le haut. Son organisation complexe et technocratique est difficile à comprendre. Ses normes, ses décrets, ses lois sont souvent mal acceptées par une majorité d’Européens ; nombre d’entre eux se disent déboussolés et veulent « reprendre le contrôle » de leur vie collective (le slogan du Brexit). En outre, de nouveaux et difficiles problèmes surgissent : élargir le marché intérieur, créer une défense commune, intégrer de nouveaux Etats, gérer l’immigration etc…

Notre affaire à présent : faire comprendre et aimer l’Union confrontée à ces nouveaux défis, faire connaître et se rencontrer les Européens et les faire rêver d’Europe en stimulant une culture européenne populaire et la mise en œuvre locale de nos orientations et valeurs. « Abandonnant pour toujours le rôle de centre privilégié du monde, l’Europe peut devenir un centre d’innovations pour pacifier les Hommes, instaurer ou restaurer les convivialités, civiliser notre Terre-Patrie. » Edgar Morin, Penser l’Europe, Gallimard 1987.

Robert De Backer

source de l’illustration, wikipédia