Princesse Europe devient chrétienne au XIIe siècle
Le tableau ci-joint vaut le détour. Rond avec sa base rectangulaire, il intrigue et son contenu surprend. Il s’agit du Jugement Dernier représenté sur cinq niveaux, expliqués chacun en latin. Voyez le quatrième niveau, celui de la résurrection des morts, qui voilà au centre ? Princesse Europe ! Dédoublée ; à gauche, elle est sur la mer, en enfer peut-être ? Des poissons et des bêtes féroces crachent les corps qu’ils ont avalés. A droite, sur terre, au Paradis (?) entourée d’anges qui réveillent les morts au son des trompettes de l’apocalypse. D’un côté comme de l’autre, en amazone sur son taureau comme le veut la tradition, elle est auréolée. Sainte Europe. D’un bras elle tient un sceptre royal, de l’autre elle tend vers le ciel une sorte de poupée, son âme, qu’elle offre au Christ ressuscité !
Quelle mutation ! Oublié, le mythe païen d’Europe. Il a reçu un nouveau sens religieux et sacré. Il ne s’agit plus de l’enlèvement d’Europe par Zeus et de son périple agité vers un espace rêvé. Notre princesse a rallié un espace très concret, celui de la « chrétienté », c’est-à-dire l’occident latin unifié par une même foi chrétienne qui s’étend de l’Atlantique à la Sicile jusqu’aux frontières de l’Empire byzantin. Elle s’inscrit dans le mystère chrétien, mortelle, soumise au Jugement du Christ et promise à la résurrection. Entourée de saints, de démons, d’anges, du Christ, elle n’est plus seule en compagnie de Zeus sur une mer déserte.
Mais, elle bénéficiera encore de bien d’autres métamorphoses. Nous ne sommes qu’au XIIe siècle et il faudra attendre la Renaissance pour que Chrétienté s’efface et laisse place à Europe désormais, jusqu’à nos jours.
source : Wikipédia
Robert De Backer