Quand les artistes font le marché
Depuis la nuit des temps les marchés animent villages et métropoles. Fermiers, petits producteurs y vendent leurs produits à un public affairé, curieux, gourmand. Depuis le XVIe siècle ils ont intéressé les artistes peintres.
« Au marché au marché /Tu peux, tu peux tout trouver/ Des patates et du poisson/ Des savates et du savon. Au marché au marché/Tu peux, tu peux tout trouver/ Et l’sam’di du pissenlit pour faire joli. » Refrain d’une chanson de Henri Dès, artiste suisse célèbre pour ses comptines enfantines.
Le marché de Cluny : une soixantaine de commerçants et producteurs s’y rassemblent en toute saison : primeurs, boucherie et charcuterie, boulangerie et pâtisserie, volailles, vins, miel, fromages, fleurs, plantes, graines et plants.
Un lieu coloré et très vivant ! Le marché, cette institution sociale très ancienne qui assure la rencontre organisée entre plusieurs fournisseurs et plusieurs clients, se tient dans un lieu public, ouvert à tous, identifié : la Place du marché, souvent à l’air libre. Il est proposé dans un temps cyclique périodique, en général une fois par semaine, le matin.
En Art, ces Scènes de marché ont été nombreuses dans la production des artistes des Écoles du Nord (Flandres, Pays-Bas) dès le XVIe siècle. Puis aux siècles suivants, ces « Scènes de genre » ont été courantes dans toute l’Europe. Elles sont riches en détails sur la vie quotidienne, les produits proposés, leurs producteurs et propices à de riches compositions de formes et de couleurs.
Au XIXe siècle et au début du XXe, l’art de la carte postale choisit cette image populaire pour exprimer la vie de la ville. Autour des marchés, des cafés retiennent vendeurs et clients, dans un langage sou-vent coloré :
« Un chou-fleur pour ta sœur/ Trois œufs pour le prix de deux/ Du hachis pour midi…
Et si t’as faim y’a du bon pain/ – Chez l’boulanger juste à côté » Henri Dès.
Pour faire un marché, en plus des produits alimentaires locaux, il faut des étals pour poser ou des grands paniers pour présenter, des cagettes pour apporter, des parasols forains pour protéger du soleil ou de la pluie. Par ailleurs certains de ces « pleins vents » sont spécialisés dans une production locale : textile comme le fameux Marché aux étoffes du Faouët dans le Morbihan ou céramique comme le Marché aux cruches à Dax dans les Landes.
En 2015, une série télévisée de Stefano Tealdi, Le Ventre de… présentait en 10 épisodes filmés dans différents lieux d’Europe une halle, un marché en plein vent mettant en valeur un produit, une technique, une tradition, voire une curiosité gastronomique locale. Un constat : ces marchés sont le point de ralliement de nombreux producteurs et fabricants convertis aux usages vertueux de l’agriculture et de l’élevage raisonnés et biologiques.
NANE TISSOT