Charnay-les-Mâcon et Tarnalelesz en Hongrie, 25 ans de jumelage
Deux Hongrois se souviennent. Encore enfants aux débuts de l’aventure, leur récit illustre si bien la devise « Unis dans la diversité » de l’Europe qui se construit surtout localement par les échanges entre citoyens de cultures, de langues, d’opinions politiques et religieuses différentes, nourris d’une histoire souvent très ancienne, témoins d’un riche et beau patrimoine, experts en l’art de la rencontre cordiale.
C’était en 1996. Un orchestre de cuivres hongrois fondé par le professeur de musique et chef d’orchestre Peter Rakoczi était en tournée en Europe avec un répertoire large et varié, des oeuvres de F. Liszt, d’E. Morricone, de L. Bernstein et d’A. Khachaturian. Une performance inoubliable, celle de jeunes musiciens enthousiastes âgés de 10 à 20 ans tous originaires d’un petit village de 2000 habitants, TARNALELESZ où il n’y avait pas d’école de musique. Le chef d’orchestre avait enseigné tout seul chaque instrument de musique de la flûte au tuba. Nous fîmes une halte de quelques jours à Charnay-lès-Mâcon. Pourquoi ? Parce que quelques années auparavant ce chef d’orchestre et sa famille avaient organisé une soirée de danse folklorique dans leur village pour «Les Petits Lamartiniens» de Mâcon dirigés à l’époque par la Famille Beaudot.
On pourrait dire – voilà les « ingrédients essentiels » à la naissance d’un jumelage. Mais les échanges culturels en tant que tels n’auraient pas été suffisants s’il n’y avait pas eu le coeur ouvert de chaque côté. Notre coopération était toujours profondément imprégnée par le respect d’autrui, par le respect des valeurs que l’autre représentait, par l’envie de découvrir l’autre, sa culture, son histoire, son approche et ceci sans donner de leçons, sans juger, avec la ferme volonté et le plaisir de s’enrichir avec chaque contact, chaque rencontre. Même les barrières de la langue pouvaient être facilement surmontées avec une telle approche. C’est ainsi que les habitants de Charnay-lès-Mâcon et de Tarnalelesz ont pu se rapprocher. Parce qu’en fait l’Union Européenne est l’union des peuples. Où un hongrois ne siffle en aucun cas « La Marseillaise », mais rend hommage au peuple français avec tout son respect. Ce fut un beau moment de fêter ensemble en 2004, à Charnay, l’adhésion de la Hongrie à l’Union Européenne !

Si quelqu’un parle de la France dans notre village natal, il parle forcément de Charnay et ceci grâce aux nombreuses visites et aux expériences humaines formidables qu’on y a vécues. Cette petite ville bourguignonne est devenue un repère pour les habitants de Tarnalelesz. L’ouverture d’esprit, l’accueil sympathique et la générosité des Charnaysiens ont rendu possible à beaucoup de familles de notre village natal d’admirer les magnifiques paysages de Bourgogne, ses monuments culturels et historiques, de connaître le savoir-faire français d’excellence dans plusieurs domaines, tel que la viticulture par exemple.
Les maires et les municipalités des deux côtés ont fait beaucoup d’efforts – sans regarder l’étiquette politique de l’autre – pour que les relations entre nos villes s’intensifient davantage ces dernières années. Les comités de jumelage ont fait un travail remarquable. Un grand merci à eux !

On est fier de notre culture chrétienne en Hongrie. Si on parle de Cluny on n’oublie jamais de mentionner à nos amis européens que notre roi fondateur, Étienne I, a reçu en l’an mille la couronne d’un pape français, Sylvestre II., né Gerbert d’Aurillac qui avait de multiples contacts à Cluny. Les habitants de Tarnalelesz sont au courant de ce fait parce qu’en 2000 nous avons eu l’occasion de fêter ensemble avec nos amis français notre Millénaire. On se souvient que le chef de la délégation française de l’époque a conclu son discours avec les mots du grand poète hongrois du XXe siècle, Attile József. Cette citation reste très actuelle : « (…) Du Danube, tout entier passé, présent et avenir, / les tendres flots viennent à s’enlacer. / Malgré le combat que se livrèrent nos défunts, / avec le souvenir, la paix saura les rejoindre. / Arranger enfin nos affaires en commun, / c’est notre tâche, et non la moindre. »
Vive le jumelage franco-hongrois !
Zsuzsanna Bony-Rákóczi et Peter Rákóczi, enfants du chef d’orchestre, ex-habitants du village de Tarnalelesz
Et merci à Marthe Terrenoire, présidente du comité de jumelage