Ursula von de Leyen, Présidente de la Commission européenne, en visite à Taizé. Donner des raisons d’espérer aux jeunes européens
L’horizon s’est assombri ces derniers temps pour la jeunesse européenne. À peine la pandémie Covid terminée, la guerre est revenue le 24 février avec l’invasion russe de l’Ukraine et l’été a fait prendre conscience des problèmes cruciaux liés au climat.
Ursula von der Leyen a passé 48 heures à la semaine de réflexion organisée par les frères de Taizé pour les 18-35 ans. Elle s’est adressée aux participants et leur a livré ses réflexions sur l’avenir de l’Europe et un témoignage personnel très fort sur son engagement. Deux de nos membres y étaient et ont retenu quelques points forts :
Ursula von der Leyen connaissait Taizé par ses frères et cousines mais c’était sa première visite. Touchée par la parabole des talents, elle a exprimé le fait que chacun peut faire bon usage de son talent, ce qui ne va pas de soi car il faut agir dans la perspective d’une mission.

« La mission de notre génération est de s’élancer au service de la paix dans la ligne des réalisations de la génération précédente qui nous a transmis un héritage de 450 millions de personnes et 27 États membres qui vivent aujourd’hui en Europe dans la paix et la prospérité, « unis dans la diversité ». Le chantier se poursuit ; quelle Europe allons-nous vous laisser ? » s’interroge-t-elle devant un public attentif en s’appuyant sur trois constats-clé :
- Désir de paix: « La paix est le pari le plus réussi de l’histoire européenne jusqu’à récemment et nous nous tenons aux côtés des Ukrainiens, sensibles à nos valeurs et organisations juridiques, pour qu’ils puissent choisir et vivre avec leurs aspirations à plus de démocratie ».
- Gâchis de l’hyper-consommation. « Le Pacte européen pour le climat lancé en avril 2022 avec en perspective la neutralité carbone en 2050 est la feuille de route où s’impose le lien avec la création. Notre dépendance aux énergies fossiles russes est toxique. Nous devons nous en libérer en soutenant les productions renouvelables (éolien, géothermie, biomasse, etc.). Cependant, ce Pacte ne suffit pas et nous devons aller plus loin car il y va de la survie de la prochaine génération ».
- Solidarité intergénérationnelle: « Les dernières crises (pandémie, confinement, guerre en Ukraine) ont démontré que seules les solidarités entre les générations rendent possible l’émergence de solutions dans des situations « d’incertitude radicale ». Dans ce but nous développons des politiques d’aide aux aînés, aux réfugiés ukrainiens, de formation avec l’initiative Alma.
qui associe formation à la maison et stage dans un pays étranger. J’ai 7 enfants, 5 filles et petits enfants et je sais la force des confrontations et des attentes de votre génération ».
Devant 1500 jeunes et en réponse à des questions qu’ils lui ont posées, Ursula von der Leyen s’est exprimée très librement sur son rapport à sa foi et sur sa mission de responsable politique, faisant sienne l’exhortation de Benoit XVI ancrant toute relation et action sur « l’inviolabilité et la dignité de chaque être humain »
– Le rôle de Dieu dans mes décisions au quotidien ?. « Il est toujours là, je suis qui je suis parce que je crois. J’aurai à rendre des comptes et cela façonne mes décisions. Quand les problèmes sont si lourds et complexes et qu’il faut décider, les solutions viennent du travail ensemble et non « du seul chef ». Et quand c’est trop difficile, je me souviens d’une phrase qui m’habite : « Quelle que soit la difficulté, on ne peut jamais tomber plus bas que dans les mains de Dieu » et croyez-moi, cela donne de la sérénité et du courage. Quoi qu’il arrive, je ne suis pas seule ! ».
– Sur la pandémie : « pour la 1ère fois, vous vous êtes rendu compte qu’on ne pouvait plus se déplacer et que chaque pays isolé était impuissant. Certificat COVID, passeport, vaccins … Nous sommes ensemble quand il y a des grands défis ».
– Sur la question énergétique : « après 200 ans de développement basé sur les énergies fossiles, il ne faut pas que les pays en développement reproduisent les mêmes erreurs. Nous investissons dans les
énergies propres et renouvelables »
– Sur la solidarité : « Il importe de transformer les situations de crise en opportunités. Il est normal de soutenir davantage les sociétés et les personnes les plus vulnérables. La réponse est dans ce que vous avez vécu cette semaine à Taizé ».
« En conclusion, allez vers les autres religions, les autres cultures. Nous ne sommes pas ceux qui savent tout, à vous de trouver un terrain commun par l’écoute et une attitude humble ».
Marie-Aude Poisson et Philippe Mayaud
Taizé, lieu de rencontres européennes.
A Taizé où jeunes et moins jeunes de toute l’Europe se rencontrent, religion et politique s’articulent et s’interpellent. Dès 1992 le fondateur de la communauté Roger Schütz avait reçu après la guerre le prix Robert Schuman pour son action en faveur de la réconciliation entre les peuples et les religions Chaque année en décembre les Frères de Taizé organisent des « Rencontres » dans les grandes villes d’Europe. Cette année avant la venue d’Ursula van der Leyen présidente de la Commission européenne, qui doit beaucoup à l’action de l’eurodéputé belge Philippe Lamberts co-président du groupe des Verts, le commissaire européen Thierry Breton et le député européen de Saône-et-Loire Arnaud Danjean, ont animé chacun un séminaire avec les jeunes.
Source : Le Journal de Saône-et-Loire, 28 août 2022